Un Pape, des Présidents, des fromages, un volcan... Le Cantal est l’un des deux départements français à porter le nom d’un volcan. C’est à partir du massif volcanique, posé sur le socle cristallin du Massif central, que s’organisent les rivières et leurs vallées, les difficiles voies de communication terrestre et l’installation humaine. Ce massif circulaire est un point centrifuge, une zone de partage ; mais il est aussi un butoir où aboutissent les influences des ensembles périphériques. Le volcan vert figurant sur le logo du département distribue les eaux, les formes climatiques et les langues.
Au premier millénaireLors de la formation du département, en 1790, on reprit à peu près les limites de la Haute-Auvergne, le Puy-de-Dôme formant quant à lui la Basse-Auvergne ; l’Auvergne tirait son nom du célèbre peuple gaulois des Arvernes, dont le chef Vercingétorix donna du fil à retordre à César. Le suffixe d’Aurillac et de Mauriac atteste cependant une forte implantation gallo-romaine. Evangélisée par des saints aux noms étranges (Mamet, Flour), dont la toponymie conserve le souvenir, cette terre est le théâtre de frictions frontalières entre Francs et Wisigoths au VIe s. La ville d’Aurillac se structure autour de l’abbaye Saint-Géraud, fondée fin IXe s., dont un moine, Gerbert, fut le pape de l’An mil, Sylvestre II.
De Gerbert à la RévolutionSur la route de Saint-Jacques et dans toute l’Auvergne fleurit au XIe s. un noir manteau d’églises, que peuvent encore aujourd’hui admirer les amateurs d’art roman. A la fin du XIIe s., l’Auvergne féodale entre dans l’orbite royale française ; en 1280, Aurillac gagne sa liberté communale. La Haute-Auvergne fait partie du grand diocèse de Clermont jusqu’en 1317, date de la création de l’évêché de Saint-Flour ? toujours siège de l’évêché. Les troubles de la Guerre de Cent Ans (XIIIe-XIVe s.), puis des Guerres de Religion, désorganisent la vie économique, mais n’empêchent pas, dès la fin du XVIIe s., la reprise de l’artisanat et du commerce dans les villes, tandis que les hommes de loi du présidial (tribunal) se faisaient construire les hôtels particuliers encore visibles dans le vieil Aurillac.
Agriculture et émigrationMais l’activité principale du Cantal a toujours été l’agriculture en général, et l’élevage en particulier, comme en témoigne la prospérité des races bovines de l’Aubrac et de Salers. Cantal et Salers sont d’ailleurs aussi, pour le grand public, des noms de fromage. Cantal, enfin, c’est le nom du cheval favori de l’empereur Napoléon Ier.
La terre, cependant, peina bientôt à nourrir des familles nombreuses, et le Cantal fut une terre d’émigration : vers l’Espagne, la Belgique ou la Hollande ; puis, à la fin du XIXe s., vers Paris. C’est ainsi qu’apparut la figure du bougnat, de l’Auvergnat de Paris. Le Cantal donna deux présidents de la République au siècle dernier, Paul Doumer et Georges Pompidou.
Un département aux mille secretsL’Etat, cependant, tâchait de désenclaver le département. Du XIXe s. datent deux ouvrages d’art remarquables : le tunnel du Lioran (le plus ancien de France, remplacé prochainement par un tunnel élargi et sécurisé) et le viaduc du Garabit (dû à l’ingénieur Eiffel). Même si le réseau routier départemental s’est considérablement amélioré ces dernières années, le Cantal continue cependant d’être structuré topographiquement et culturellement par le Lioran. Routes et chemins permettent de découvrir les paysages et les monuments, témoins d’une histoire commencée voici huit millions